Fin des fouilles archéologiques à Lillebonne, de nouvelles découvertes extraordinaires mises au jour !

Fin des fouilles archéologiques à Lillebonne

Le chantier de fouilles archéologiques implanté sur la place Félix Faure à Lillebonne, vient de s’achever. Pendant quatre semaines, du 31 juillet au 25 août, une petite trentaine d’étudiants en archéologique et d’habitants, tous bénévoles, placés sous la direction de Jonas Parétias, chargé d’études en archéologie de Caux Seine agglo, a extrait sur un espace de 200 m2 des tonnes de terre pour tenter de trouver de nouvelles traces antiques.

« Dès les premiers jours, d’un point de vue humain et personnel, nous avons été mis à rude épreuve au regard des conditions météorologiques. La pluie est venue contrariée considérablement notre avancée. Sur ce terrain où les eaux ruisselaient, le simple fait de charrier la terre devenait éprouvant. Mais nous n’avons pas manqué d’énergie et de persévérance », se félicite le chef de chantier.

Cette nouvelle campagne de fouilles s’inscrivait dans la continuité du premier chantier organisé en 2021 où des traces d’un édifice public incarné par un mur d’1,20 m de haut, avaient été mises au jour. « L’idée première était de pouvoir constater si cet édifice était isolé ou à la faveur de cette nouvelle campagne, se révélait s’inscrire dans un complexe plus grand. »

Des indices très profondément enfouis

Les archéologues en herbe ont vite compris qu’il allait leur falloir creuser plus profondément sur cet emplacement. « Nous avons utilisé beaucoup d’huile de coude », plaisante Jonas. Les premières traces antiques ont été découvertes, en effet, à 3,10m de profondeur. De nombreux vestiges ont été mis au jour : fragments de céramiques, monnaies, ossements d’animaux, petits mobiliers comme des épingles, des clous, des éléments en fer. « Ces milliers d’indices qui témoignent de la vie quotidienne vont permettre d’affiner nos connaissances scientifiques dans le cadre du projet Juliobona, la cité antique sur la Seine, porté par Caux Seine agglo. Aussi ténus soient-ils, ils vont nous apporter des informations sur le quotidien de notre ville antique. Ils vont faire l’objet d’études pour les besoins de notre rapport que nous devons transmettre en fin d’année à la DRAC. Des spécialistes vont travailler sur ces milliers de traces pour nous permettre une datation précise des couches successives que nous avons révélées et connaître l’usage précis de ces éléments. »

Quelques-unes de ces traces ont frappé l’imaginaire des archéologues par leur état de préservation : une statuette en terre blanche d’une déesse tenant son enfant, un élément de tabletterie d’une vingtaine de centimètres en os ouvragé, un manche de canif en ossement ou une statuette en argile représentant un cheval ou un bovin ont attisé la curiosité des bénévoles comme des professionnels. « Ce sont des éléments que l’on retrouve plutôt dans les nécropoles, les cimetières antiques », explique le chargé d’études en archéologie de Caux Seine agglo.

Des découvertes extraordinaires dans les derniers jours

Le métier d’archéologue est un travail de patience. La jeune équipe en place a pu l’éprouver sur le chantier à Lillebonne. Ce n’est que dans les tous derniers jours, que les découvertes les plus « extraordinaires » ont été révélées. « Nous avons mis au jour un morceau de mur et peut-être un de ses angles qui laissent présager la présence d’un bâtiment dont on ne connaît évidemment pas le plan exact, ainsi qu’un aménagement de sol et un alignement de pierres enchevêtrées. Et à l’est de ces vestiges, ce sont plusieurs petites structures quadrangulaires, délimitées par des blocs en calcaire et des tuiles romaines que nous avons découvertes. » Chacune contenant du matériel hors du commun.

A l’intérieur de la plus complète d’entre elles, d’un mètre de long sur 60 centimètres de large, l’équipe de Caux Seine agglo a trouvé des traces antiques extrêmement bien conservées dont une hache, une statuette de cheval en terre cuite avec des traces de polychromie, une céramique entière, un oursin fossilisé et un objet en bronze. « Ces prélèvements soulèvent de multiples questions car ils ne témoignent en rien d’un usage domestique. Leur concentration et les conditions même de leur installation nous mèneraient plutôt à penser à une symbolique religieuse. Nous pourrions être dans le domaine du culte », détaille Jonas Parétias.

Vient le temps de l’étude de chacun de ces mobiliers qui permettra d’entériner ou non les hypothèses avancées. Avant cette échéance, Caux Seine agglo prévoit un temps de partage avec les habitants pour restituer cette deuxième campagne de fouilles. Une conférence est programmée samedi 18 novembre, de 15h à 16h. Son lieu reste à déterminer.

Juliobona fait son retour sur les bancs des Universités

Ces découvertes ont en tout cas récompensé les efforts de l’équipe mobilisée sur ce chantier. Elle gardera un souvenir heureux de la ville de Lillebonne. « Ici, j’ai pu toucher à tout. J’ai creusé, pelleté, pioché, les mains dans la terre et dans la boue. Je me suis initiée aussi à la stratigraphie, technique d’enregistrement des différents niveaux de couches que nous avons explorés. C’est plutôt réjouissant d’autant que ce travail m’a permis de mettre au jour de jolies céramiques, des os… Je vais pouvoir rédiger un rapport de stage complet. » Lou, 18 ans, étudiante en Histoire de l’Art et Archéologie à Paris 1 découvrait la ville tout comme son glorieux passé antique pour la toute première fois. Et cette matière l’a passionné !

« Aujourd’hui, Juliobona n’est plus cité dans les parcours universitaires. Mais grâce au travail mené dans le cadre de Juliobona, la cité antique sur la Seine, nous pallions ce déficit de notoriété. Plusieurs universités françaises font désormais de nos campagnes de fouilles, des chantiers-écoles de référence pour leurs élèves. Et ces étudiants doivent, en effet, à l’issue du chantier, rédiger un rapport de stage pour faire état des actions qu’ils y ont réalisé et des connaissances pratiques qui leur ont été transmises. Juliobona s’ancre ainsi de nouveau au cœur des enseignements supérieurs », confirme Jonas Parétias.

15 étudiants en archéologie venus de Strasbourg, Paris, Lyon, Rouen, Caen, Aix et Montpellier ont été accueillis sur le chantier, cette fois-ci. Cette campagne leur offrant une belle occasion de se former sur le terrain, en condition réelle ! Caux Seine agglo avait réceptionné plus de 300 candidatures.

Informations complémentaires

Le chantier achevé venait le temps du rebouchage de la zone explorée pour assurer le retour du stationnement des véhicules dès la rentrée scolaire. Mais les récentes averses sont venues compliquées cette étape. « La terre qui était déjà gorgée d’eau du fait des conditions climatiques du début du mois d’août, est beaucoup trop meuble. Les services de Caux Seine agglo et de la ville de Lillebonne ont pris la décision, après les premières tentatives infructueuses réalisées ces derniers jours, de prolonger l’arrêter d’interdiction de stationner. Car, en l’état, l’entreprise diligentée ne peut pas assurer un rebouchage stable », explique Elise Cousin, responsable des musées de Caux Seine agglo.

Le stationnement reste donc interdit sur cette partie de la place Félix Faure, jusqu’au vendredi 15 septembre.  

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